GESTION D’UNE PRATIQUE VÉTÉRINAIRE : L’augmentation du nombre de vétérinaires fera-t-elle augmenter la proportion de propriétaires d’animaux qui vont chez le vétérinaire?

16 janv., 2025

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Quelle province a la plus forte concentration de propriétaires d’animaux de compagnie et quelle province a le pourcentage le plus élevé de propriétaires d’animaux de compagnie qui emmènent leurs animaux chez le vétérinaire? La comparaison des caractéristiques des propriétaires d’animaux de compagnie entre les provinces porte à croire que la disponibilité des services vétérinaires est un facteur plus important que le coût pour déterminer si un propriétaire d’animal emmène celui-ci chez le vétérinaire ou non.

La plus « récente » enquête sur les dépenses des ménages de Statistique Canada (2021) a été élargie pour rendre compte des dépenses relatives aux animaux de compagnie, aux produits pour animaux de compagnie et aux soins vétérinaires (1). Ces données révèlent le nombre de propriétaires d’animaux de compagnie dans chaque province ainsi que le nombre de propriétaires d’animaux de compagnie qui ont consulté un vétérinaire; en combinant les deux chiffres, on obtient le taux de médicalisation vétérinaire dans chaque province (figure 1).

À l’échelle nationale, 50 % des ménages possèdent un animal de compagnie et 34 % des ménages ont emmené leur animal chez le vétérinaire en 2021. La plus forte concentration de propriétaires d’animaux de compagnie au Canada se trouve dans les Maritimes. En effet, la Nouvelle-Écosse (61 %), l’Île-du-Prince-Édouard (58 %) et le Nouveau-Brunswick (57 %) occupent les trois premières positions du classement des provinces dans lesquelles on constate le pourcentage le plus élevé de ménages propriétaires d’animaux de compagnie. L’Ontario et le Québec sont les provinces où ces pourcentages sont les plus faibles au pays, avec 49 % et 45 % respectivement.

À première vue, le pourcentage de ménages qui emmènent leur animal de compagnie chez le vétérinaire semble suivre le nombre de ménages possédant un animal de compagnie, mais il y a des différences significatives. Le rapport entre les deux pourcentages, celui des ménages ayant des animaux de compagnie et celui des ménages ayant consulté un vétérinaire, donne le taux de médicalisation vétérinaire, c’est-à-dire la proportion des propriétaires d’animaux de compagnie qui emmènent leurs animaux chez le vétérinaire. Or, le taux de médicalisation vétérinaire le plus élevé n’est pas dans les Maritimes. En fait, une seule province des Maritimes, soit l’Île-du-Prince-Édouard, affiche un taux de médicalisation vétérinaire supérieur à la moyenne nationale de 68 % (figure 2).

La province ayant le taux de médicalisation vétérinaire le plus élevé en 2021 était l’Alberta, avec 73 % des ménages possédant un animal de compagnie qui ont consulté un vétérinaire. L’Ontario est en deuxième position avec 70 %, tandis que l’Île-du-Prince-Édouard et la Colombie-Britannique occupent ensemble le troisième rang avec 69 %. Dans toutes les autres provinces, le taux de médicalisation vétérinaire était inférieur à la moyenne nationale de 68 %. Les provinces ayant les taux les plus bas étaient Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick.

Les facteurs ayant pu avoir une influence sur les taux de médicalisation vétérinaire qui ont été examinés sont les restrictions liées à la pandémie de COVID-19, le coût des soins vétérinaires et la disponibilité des services vétérinaires.

Les mesures sanitaires imposées en raison de la pandémie ont varié d’une province à l’autre, mais selon l’indice des restrictions liées à la COVID-19 de Statistique Canada, les provinces qui ont connu le plus de restrictions pendant la vague du variant Omicron en 2021 sont Terre-Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard, le Québec et l’Ontario (2). Étant donné que deux de ces quatre provinces figuraient parmi les trois affichant les taux de médicalisation vétérinaire les plus élevés, on peut conclure que les restrictions liées à la COVID-19 n’ont pas affecté ces taux.

En théorie, on pourrait s’attendre à ce que le taux de médicalisation vétérinaire soit plus élevé dans les provinces où les médicaments vétérinaires sont moins chers et plus faible dans les provinces où les médicaments vétérinaires sont plus dispendieux. Les dépenses des propriétaires d’animaux de compagnie en frais vétérinaires ont été calculées à partir du revenu moyen par transaction tiré du sondage économique de l’ACMV de 2023. Comme le coût de la vie varie d’une province à l’autre, le revenu moyen par transaction a été ajusté en fonction de l’indice du coût de la vie de chaque province. Par exemple, au cours d’une année donnée, le ménage moyen de l’Île-du-Prince-Édouard dépense 15 % de moins que la moyenne nationale, tandis que les ménages de l’Ontario dépensent 5 % de plus.

Si on compare les taux de médicalisation vétérinaire (du plus faible au plus élevé) au revenu moyen par transaction ajusté en fonction du coût de la vie, il est évident qu’il n’y a pas de corrélation (figure 3). En classant les provinces selon les taux de médicalisation vétérinaire, en ordre croissant du taux le plus bas à Terre-Neuve-et-Labrador au taux le plus haut en Alberta, la courbe des dépenses ne suit pas la même pente ascendante et présente plutôt une forme de pont suspendu. Ainsi, le coût des soins vétérinaires n’a pas eu d’incidence sur les taux de médicalisation vétérinaire.

Un meilleur accès aux services vétérinaires permet aux propriétaires d’animaux de compagnie de trouver et de consulter plus facilement un vétérinaire. Le nombre de vétérinaires par 10 000 habitants a été utilisé pour évaluer l’impact de l’accès aux soins vétérinaires sur le taux de médicalisation vétérinaire (figure 4) (3,4). Il y avait une corrélation faible mais positive entre l’accès aux soins et le pourcentage de propriétaires d’animaux de compagnie qui ont consulté un vétérinaire – le taux de médicalisation vétérinaire a augmenté avec le nombre de vétérinaires par 10 000 habitants.

Cette analyse indique que les coûts ne semblent pas dissuader les propriétaires d’animaux de compagnie de consulter un médecin vétérinaire; ce serait plutôt l’accès aux soins qui pose problème. Un plus grand nombre de vétérinaires signifie un plus grand nombre de visites chez le vétérinaire. Par conséquent, il serait avantageux, à la fois pour les propriétaires d’animaux et pour la profession, de faire croître le nombre de vétérinaires, notamment en augmentant la capacité d’accueil des facultés de médecine vétérinaire existantes et en créant de nouvelles écoles vétérinaires.

Amy Noonan, Darren Osborne