Le mot du président – L’accès aux soins : une considération importante pour vous, votre équipe, et notre profession (RVC de novembre 2023)
30 oct., 2023
L’accès aux soins : une considération importante pour vous, votre équipe, et notre profession
Avez-vous déjà pensé à ce que cela signifie pour les gens ou les communautés d’avoir un accès limité ou inexistant aux soins vétérinaires? Avez-vous réfléchi à notre rôle, à nos obligations et à nos responsabilités en tant que membres de la plus extraordinaire profession du monde?
Je me souviens de l’époque où, au début de ma carrière, des médecins vétérinaires ont lancé différentes initiatives, comme le projet Chinook pour les communautés isolées du nord du Canada, Vétérinaires sans frontières pour trouver des solutions à long terme visant à soutenir les communautés mal desservies, ou
encore Community Veterinary Outreach pour offrir des services aux personnes et aux animaux défavorisés dans nos grandes villes. Ces initiatives ont suscité beaucoup de respect pour notre profession, et continuent de le faire aujourd’hui.
J’avais ressenti une immense fierté en voyant tant de collègues travailler pour le bien de la société, parfois avec des étudiants à leurs côtés – une situation bénéfique tant pour les mentors et les vétérinaires en formation que pour les personnes et les communautés en difficulté qui étaient souvent en marge de la société et confrontées à des défis majeurs en matière de bienêtre humain et animal, le genre de défis que seuls quelques-uns d’entre nous peuvent réellement comprendre. Je me souviens des débuts de Community Veterinary Outreach, dont l’objectif était de servir les habitants des quartiers défavorisés et les sansabri qui possédaient des animaux de compagnie, et des efforts déployés pour changer le discours social et pour faire reconnaître que la possession d’un animal de compagnie et l’importance du lien entre l’humain et l’animal (et ses bienfaits directs pour la santé humaine) ne devraient pas être tributaires de la situation financière ni de la capacité à payer.
La profession vétérinaire ne ressemble à aucune autre; en effet, aucune autre profession n’a la possibilité d’avoir un tel impact sur le bien-être à la fois des animaux et des humains. Ce constat est à la base de notre responsabilité collective de servir et du grand respect dont jouit notre profession au sein de la société.
On dit souvent que le respect se mérite. Les vétérinaires se classaient au septième rang des professionnels les plus respectés en 2013, mais avaient glissé au douzième rang en 2022. Bien que cette baisse ne soit pas un reflet de nous en tant qu’individus, elle montre que l’opinion de la société a changé, et nous devrions tous prendre le temps de réfléchir à ce qui a mené à ce changement.
Historiquement, « l’accès aux soins » était surtout limité par l’emplacement géographique et la situation socioéconomique d’une personne. Même si ces facteurs ont joué un rôle important dans le passé, nous nous trouvons aujourd’hui à un carrefour où la réalité a de nouveau évolué et où l’accès aux soins n’est plus seulement un défi dans le contexte actuel.
Des chefs de file de notre profession et les médias ont récemment discuté des conditions économiques de plus en plus difficiles qui font de l’accès aux soins un problème beaucoup plus généralisé. Cette situation, associée aux difficultés auxquelles plusieurs vétérinaires font face pour fournir des services, notamment en raison de la pénurie de main-d’œuvre et des obstacles hérités de la pandémie de COVID-19, contribue au risque bien réel que notre profession ne parvienne plus à servir l’ensemble de la société.
Je ne suis pas le seul à être de plus en plus inquiet, car l’accès aux soins est devenu un sujet de discussion fréquent lors des réunions, tant ici qu’à l’étranger. Ce thème a été au centre des préoccupations lors du dernier congrès de l’ACMV et ceux de l’Institut canadien de la santé animale (ICSA), de l’American Veterinary Medical Association (AVMA) et de la Federation of Veterinarians of Europe (FVE). Les participants et les conférenciers ont souligné les risques importants qui pèsent sur notre profession et les enjeux liés à la prestation de services à nos communautés (et pas seulement les plus éloignées). Plusieurs articles dans les médias au cours de la dernière année ont mis l’accent sur le coût des soins vétérinaires et la difficulté d’accès aux soins en tant que facteurs importants conduisant à une augmentation des taux d’abandon dans un monde post-pandémique financièrement stressé en raison de la plus forte pression inflationniste observée depuis plus de 30 ans.
Notre profession est confrontée à de nombreux défis, mais je suis convaincu que nous sommes capables de les relever. Dans les jours et les mois à venir, nous devrons trouver des moyens de limiter la pression sur les prix en médecine vétérinaire et de faire tomber les vestiges des barrières pandémiques à l’accès aux soins pour être en mesure d’offrir un éventail de soins adaptés aux besoins des patients et de leurs propriétaires. Gardez à l’esprit qu’il n’y a pas de « norme d’excellence », et que ce qui importe est l’accès à des soins de qualité qui conviennent à la situation qui vous est présentée.
Nous aurons tous un rôle à jouer, tout comme chacun des membres de nos équipes. Avec nos collègues, nous devrons nous remettre en question et nous demander ce qui définit la qualité, et nous affairer à développer des solutions qui amélioreront l’accès aux soins pour la société que nous servons.
« En cherchant à trouver comment on peut faire une grande différence, on ne doit pas négliger les petites différences qu’on peut créer au quotidien et qui, au fil du temps, s’accumulent et contribuent à des changements majeurs qu’on ne peut souvent pas prévoir. »
Marian Wright Edelman,
militante des droits de l’enfant
Dr Trevor Lawson