LE MOT DU PRÉSIDENT – Le tour du monde en 80 jours
30 août, 2024
Aanii, boozhoo, et bienvenue à mon premier mot du président. Cette tribune a été créée pour permettre au président de l’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) de communiquer directement avec les membres. Dans les numéros précédents, plusieurs messages étaient une source d’inspiration, certains étaient informatifs, quelques-uns étaient des récits de croissance et de réussite personnelles, et d’autres mettaient en valeur des collègues exceptionnels. Je commencerai par trois messages informatifs qui expliquent pourquoi l’ACMV entretient des contacts étroits avec diverses organisations vétérinaires du monde entier. Au cours de votre lecture, n’oubliez pas que nous apprenons en étudiant, mais aussi en observant les autres. En tant qu’association représentant la profession vétérinaire canadienne, l’ACMV fait de même dans le cadre de sa stratégie de résolution des problèmes.
COMMENÇONS PAR LE MEXIQUE
J’ai eu le plaisir de rencontrer nos collègues mexicains à deux reprises dans le cadre des réunions du North American Veterinary Leadership Meeting. Leur organisation, la Fédération des associations de médecins vétérinaires et de zootechniciens du Mexique (FedMVZ), a une approche complètement différente de la représentation en médecine vétérinaire – elle regroupe non seulement des vétérinaires, mais aussi des gens qui travaillent dans d’autres industries liées aux animaux. Ainsi, des représentants d’associations nationales selon les domaines de pratiques, de groupes industriels et d’associations de gestion agricole siègent à leur conseil d’administration, ce qui, à mon avis, présente de grands avantages par rapport à notre système plus cloisonné.
Ses relations avec le gouvernement sont beaucoup plus étroites que les nôtres, principalement parce qu’au lieu d’engager ses propres vétérinaires, le gouvernement sous-traite des services que la FedMVZ développe et met en œuvre. Nous sommes envieux à l’ACMV parce que le ministre de l’Agriculture assiste toujours aux activités de la Journée des médecins vétérinaires au Mexique, alors que chez nous, je n’ai jamais vu aucun ministre fédéral de l’Agriculture assister à un événement vétérinaire canadien.
À l’heure actuelle, il n’y a qu’une seule école vétérinaire agréée par l’ACMV/AVMA-COE (American Veterinary Medical Association – Council on Education), soit l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM) située à Mexico. La FedMVZ espère toutefois accroître le nombre d’écoles agréées à l’avenir. Elle souhaite améliorer l’enseignement vétérinaire en procédant à un examen de toutes les écoles vétérinaires du pays, sachant que certaines d’entre elles ne satisferont pas aux nouvelles normes mexicaines.
La profession au Mexique ressemble beaucoup à la nôtre au Canada il y a 50 ans. Elle est dominée par les hommes, surtout aux échelons hiérarchiques supérieurs, et la production alimentaire est considérée comme étant plus importante que la médecine des animaux de compagnie. Mais la situation est en train de changer. L’actuelle présidente de la FedMVZ est la première femme élue à ce poste, et le principe de l’égalité salariale est son cheval de bataille politique. Il n’y a pas de pénurie de main-d’œuvre dans aucun secteur de pratique, le nombre de femmes augmente graduellement et la médecine des animaux de compagnie fait désormais l’objet d’une plus grande attention, même si elle continue de représenter un défi sur le plan économique.
La FedMVZ milite activement pour une mise à jour de la loi nationale sur le bien-être des animaux et, avec l’appui du gouvernement, elle semble sur le point de réussir.
QU’AVONS-NOUS APPRIS?
La FedMVZ a une approche à plusieurs volets de la médecine vétérinaire et entretient des relations étroites avec son gouvernement, ce qui semble avoir permis d’éviter les problèmes de répartition de la main-d’œuvre vétérinaire et de faire progresser le bien-être des animaux à l’échelle nationale, ce que l’ACMV a toujours soutenu. Elle modernise son approche par l’évaluation de la formation en médecine vétérinaire et est poussée par la société à se pencher sur l’égalité des sexes, tout comme nous travaillons de notre côté sur la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI).
TRAVERSONS LE FLEUVE RÍO GRANDE ET RENDONS VISITE À NOS VOISINS AMÉRICAINS
J’ai eu le plaisir de côtoyer des représentants de l’American Veterinary Medical Association (AVMA) à de nombreuses reprises. Nous nous rencontrons lors de nos congrès annuels respectifs, à leur Veterinary Leadership Conference, aux réunions de l’International Veterinary Officers Coalition (IVOC), et durant les événements de la World Small Animal Veterinary Association (WSAVA) et de la World Veterinary Association (WVA). Nous partageons des enjeux similaires, tels que la santé mentale, la DEI et la pénurie de maind’œuvre au sein de la profession. Ils sont confrontés aux mêmes défis que nous, mais avec des nuances subtiles. L’AVMA est une énorme organisation bien huilée et bien financée. Son personnel compte 175 personnes, comparativement à 20 pour l’ACMV. Par analogie, bien que nous soyons Canadian Tire qui parle à Walmart, la relation n’est pas comme celle entre un grand frère et un petit frère, mais plutôt comme celle entre deux membres d’une même famille qui vivent simplement dans des pays différents – ce qui est tout à leur honneur.
L’AVMA a des bureaux à Chicago et une branche distincte à Washington, juste en face du Capitole, qui gère ses activités de lobbying et ses contributions aux comités d’action politique. L’AVMA doit travailler très fort pour se faire remarquer par le gouvernement, contrairement à la FedMVZ au Mexique, mais elle a beaucoup d’expérience.
Aux États-Unis, les enjeux en matière de DEI sont teintés par le contexte historique de la ségrégation et de l’esclavage, mais ils sont par ailleurs similaires aux nôtres, bien que les efforts de gestion soient plus avancés chez nos voisins. L’AVMA organisera bientôt un sommet sur la DEI et le bien-être professionnel à Atlanta afin d’aborder spécifiquement ces questions. Elle propose également un programme intitulé « Journey for Teams » qui soutient la DEI dans la communauté vétérinaire. Je vous invite d’ailleurs à y jeter un coup d’œil (c’est gratuit).
Comme c’est le cas au Canada, il manque de vétérinaires dans les zones rurales et en pratique des animaux de production, et la médecine vétérinaire est régie par l’État. Toutefois, contrairement à ce qui se passe chez nous, certains États préconisent la création d’un diplôme universitaire de praticien vétérinaire de niveau intermédiaire ou une désignation de praticien non professionnel pour répondre aux problèmes de main-d’œuvre, et l’AVMA est très préoccupée par ces propositions. Enfin, il y a de 12 à 15 nouvelles écoles vétérinaires à différents stades de développement. L’un des avantages d’avoir des écoles privées et publiques est la capacité de répondre rapidement aux pénuries de main-d’œuvre dans divers secteurs d’activité.
L’AVMA possède une division, l’American Veterinary Medical Foundation (AMVF), que nous n’avons pas. Il s’agit de la branche caritative de l’AVMA, qui octroie des bourses d’études, soutient des organisations régionales, apporte une aide en cas de catastrophe naturelle et finance des projets à l’étranger, dont récemment un soutien aux médecins vétérinaires d’Ukraine.
QU’AVONS-NOUS APPRIS?
L’AVMA et l’ACMV se recoupent à bien des égards, partagent de nombreuses similitudes et difficultés, et accomplissent toutes deux un travail admirable. Nous avons pu constater aux États-Unis et au Mexique que les relations politiques sont très importantes pour notre profession, et nous pouvons nous inspirer de l’approche américaine pour l’adapter au contexte canadien. À mon avis, la mise en place d’une institution pouvant accepter des dons financiers serait bénéfique pour l’ACMV.
La FedMVZ et l’AVMA sont remarquables bien que très différentes; nous avons beaucoup appris de ces deux organisations et apprécions leurs caractéristiques uniques. J’ai hâte de vous présenter d’autres associations vétérinaires extraordinaires du monde entier dans mes prochains mots du président.
Tim Arthur