LE MOT DU PRÉSIDENT: Le tour du monde en 80 jours – deuxième partie

28 oct., 2024

Boozhoo, aanii, kwey anidush, bonjour! Poursuivons notre voyage et explorons ce que l’ACMV a appris auprès d’organisations de médecine vétérinaire dans d’autres parties du monde.

Tout d’abord, je vous invite à examiner de plus près les quelques mots, probablement peu familiers, qui sont au début de ce texte. Les peuples autochtones du Canada parlaient une multitude de langues et ces mots sont autant de façons différentes de dire bonjour. L’une des choses que nous avons constatées chez nos collègues australiens et néo-zélandais est la facilité avec laquelle ils intègrent naturellement cette diversité langagière dans leurs communications organisationnelles.

AMÉRIQUE CENTRALE ET AMÉRIQUE DU SUD
La Pan American Association of Veterinary Sciences (PANVET) est une organisation qui représente les médecins vétérinaires d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. Il s’agit d’une organisation hispanophone et, en raison de mon manque de compétences linguistiques, je n’ai jamais siégé à son conseil d’administration. Une vétérinaire canadienne, la Dre Theresa Bernardo, a apporté une contribution très importante à PANVET. Elle est décédée plus tôt cette année, mais un simple coup d’œil à sa notice nécrologique vous fera rapidement comprendre à quel point elle était une vétérinaire hors pair. Ce fut un moment de grande fierté pour moi, en tant que Canadien, d’écouter un ancien président de l’American Veterinary Medical Association (AVMA) parler de l’immense apport de la Dre Bernardo au sein de PANVET.

La pandémie de COVID-19 a été très dure pour les associations de médecine vétérinaire en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Le congrès annuel de PANVET est une source majeure de financement, et ce n’est que l’année dernière qu’il a été possible de revenir à un événement en personne organisé à Montevideo, en Uruguay. La plupart des associations médicales vétérinaires d’Amérique du Sud n’ont pas de fonds de réserve et le congrès de PANVET est un événement important pour la formation continue des membres hispanophones de notre profession qui doit être maintenu. La bonne nouvelle est que l’AVMA a répondu à l’appel et que PANVET a retrouvé une assise financière plus solide.

QU’AVONS-NOUS APPRIS?
La pandémie a eu un impact sur les associations du monde entier et bon nombre d’entre elles ont été durement touchées dans leurs efforts et leurs finances. Il vaut la peine que les associations des pays les plus riches y investissent du temps, de l’énergie et des ressources. C’est particulièrement vrai dans le domaine vétérinaire, où les questions relatives à l’approche « Une seule santé », à la surveillance des maladies animales exotiques et au bien-être des animaux sont des enjeux d’envergure mondiale.

NOTRE PROCHAIN ARRÊT EST À L’AUTRE BOUT DU MONDE, EN AUSTRALIE!
J’ai eu la chance de rencontrer le président de l’Australian Veterinary Association (AVA) dans le cadre du Congrès de l’ACMV et de m’entretenir avec le personnel de l’AVA lors de mon séjour en Australie. L’organisation de leur conseil d’administration est similaire à la structure en place au Mexique, c’est-à-dire que des représentants des associations selon les domaines de pratiques en font partie. Par contre, aucun groupe industriel n’y est représenté.

L’Australie est le pays qui ressemble le plus au Canada, tant par sa taille que par la répartition de sa population. Nous avons des enjeux communs, notamment la pénurie de main-d’œuvre, les feux de forêt et la réconciliation avec les peuples autochtones. La plupart des Australiens vivent près de la côte, tout comme chez nous la population est concentrée dans le sud du pays. L’Australie compte sept écoles vétérinaires, dont quatre sont agréées par l’AVMACOE, et forme un nombre important d’étudiants étrangers, principalement en provenance des États-Unis.

Bien qu’ils forment plus de vétérinaires par an pour une population moindre, ils partagent nos problèmes de pénurie de main-d’œuvre, surtout dans les zones rurales et dans le domaine de la médecine des animaux destinés à la production d’aliments. Leurs universités cherchent aussi des moyens d’attirer les étudiants des régions rurales qui s’intéressent à la pratique mixte.

Contrairement au Canada, le titre de TSA certifié n’est pas reconnu en Australie. En outre, sur le plan économique, les salaires des professionnels vétérinaires sont moins élevés en Australie que dans d’autres pays.

Le bien-être mental des vétérinaires australiens est au cœur des préoccupations de l’AVA. Les problèmes d’épuisement professionnel, de rétention du personnel et d’idées suicidaires sont similaires à ce qu’on observe au Canada. Ce qui nous manque ici, c’est la réglementation australienne en matière de sécurité au travail, qui oblige les employeurs à fournir un lieu de travail sûr, y compris des protections en matière de santé mentale. L’AVA a conçu une initiative de bien-être vétérinaire appelée THRIVE qui comprend un programme d’une journée en clinique intitulé « Cultivating Safe Teams » visant à atténuer les facteurs de stress courants en milieu de travail vétérinaire et à promouvoir une culture favorisant la sécurité psychologique. Elle propose également un programme de mentorat particulièrement dynamique à l’intention des nouveaux diplômés.

Les feux de brousse australiens ressemblent à nos feux de forêt et mettent en danger les gens, le bétail et la faune. Le gouvernement australien a adopté une approche militaire de la question et a élaboré un plan bien conçu et réfléchi pour permettre aux médecins vétérinaires d’aider tout en étant dédommagés pour leur temps, leur déplacement et leur hébergement.

QU’AVONS-NOUS APPRIS?
Les similitudes entre nos deux pays illustrent la façon dont les associations peuvent aborder les questions vétérinaires de façon similaire et différente avec des ressources comparables. Nos deux organisations ont la même approche en ce qui concerne la nécessité d’attirer des étudiants intéressés par la pratique mixte, mais des réponses différentes aux incendies de forêt. Le gouvernement canadien n’a jamais fait appel à la Réserve vétérinaire canadienne en cas de catastrophe naturelle. Nous devons sensibiliser notre gouvernement à la démarche australienne.

Le programme australien THRIVE est financé par une fondation basée aux États-Unis. Nous devons frapper à cette porte et nous assurer que le nouveau programme de mentorat de l’ACMV combine le meilleur des programmes de l’AVA et de l’AVMA.

L’ACMV continue de chercher dans le monde entier des solutions pour résoudre les problèmes auxquels notre profession est confrontée. Dans la troisième partie de cet article, nous poursuivrons notre voyage vers la Nouvelle-Zélande et nous terminerons par une brève discussion sur la Chine et l’Europe.

Tim Arthur