LE MOT DU PRÉSIDENT : Le tour du monde en 80 jours – troisième partie
16 janv., 2025
Boozhoo, aanii, kwey anidush, bonjour! Poursuivons notre voyage et explorons ce que l’ACMV a appris auprès d’organisations de médecine vétérinaire dans d’autres parties du monde.
NOUVELLE-ZÉLANDE
Après avoir été en Australie, rendons visite à sa voisine du Commonwealth, la Nouvelle-Zélande. J’ai eu la chance de rencontrer le président de la New Zealand Veterinary Association (NZVA) à quelques reprises. Ce qui m’a marqué, c’est la relation que cette association entretient avec les peuples autochtones, et à quel point cette relation est authentique et touchante. Nous avons d’ailleurs constaté une relation similaire en Australie.
Œuvrant dans un marché relativement petit, la NZVA a noué des liens étroits avec l’association vétérinaire et les autorités réglementaires de l’Australie pour une collaboration concernant l’homologation des médicaments vétérinaires. Dans ces deux pays, le secteur des petits ruminants est beaucoup plus important qu’au Canada, ce qui leur donne un effet de levier sur le marché et les rend plus attrayants pour les multinationales pharmaceutiques. Le Canada s’est associé à la Nouvelle-Zélande et à l’Australie pour participer à un processus trilatéral d’évaluation des demandes d’homologation de médicaments, ce qui devrait nous permettre d’accéder à un éventail plus large de produits pharmaceutiques vétérinaires.
En ce qui a trait à la pénurie de main-d’œuvre, la situation en Nouvelle-Zélande présente un casse-tête qui pourrait nous aider à comprendre ce qui se passe chez nous. La population de la Nouvelle-Zélande s’élève à un peu moins de 6 millions d’habitants, alors que celle du Canada avoisine les 39 millions d’habitants. Nous avons cinq facultés de médecine vétérinaire qui diplôment environ 400 nouveaux vétérinaires par année, alors que la Nouvelle-Zélande n’a qu’une seule faculté de médecine vétérinaire qui diplôme environ 150 nouveaux vétérinaires par année. Ainsi, le nombre de diplômés par rapport à la population, même si l’on exclut les étudiants étrangers en Nouvelle-Zélande, est beaucoup plus élevé qu’au Canada. Que font-ils de tous ces vétérinaires? Apparemment, les nouveaux diplômés ne semblent pas avoir de difficulté à trouver des emplois et, plus étonnant encore, la Nouvelle-Zélande est également confrontée à une pénurie de main-d’œuvre. Le manque d’effectifs vétérinaires se fait surtout sentir dans les zones rurales et en pratique des animaux destinés à la production d’aliments, comme c’est le cas au Canada. Enfin, à l’instar de nos universités canadiennes, l’Université Massey de Nouvelle-Zélande est confrontée à un choix difficile sur le plan économique : devrait-elle admettre plus d’étudiants néo-zélandais, ou maintenir le nombre de places disponibles pour les étudiants étrangers afin de ne pas perdre les frais de scolarité plus élevés payés par ces derniers?
QU’AVONS-NOUS APPRIS?
L’inquiétude concernant un éventuel surplus de nouveaux vétérinaires diplômés ne semble pas fondée. Le choix entre la vie rurale et la vie urbaine pose des problèmes à notre secteur même dans un pays relativement petit comme la Nouvelle-Zélande, et la recherche d’un équilibre entre la volonté d’être un bon citoyen du monde en formant des étudiants étrangers et le besoin de répondre à la pénurie de main-d’œuvre locale n’est pas un dilemme propre au milieu universitaire canadien. L’élément qui ressort vraiment est que nous devons devenir beaucoup plus à l’aise dans la reconnaissance de nos peuples autochtones.
EUROPE
L’ACMV entretient des liens étroits avec la Federation of Veterinarians of Europe (FVE), l’association qui représente la profession vétérinaire en Europe. Comme cette relation est importante et l’organisation est complexe, l’ACMV a décidé que son représentant aurait un mandat de deux ans, et malheureusement, je ne suis pas cette personne. C’est la Dre Tracy Fisher, de Regina en Saskatchewan, qui exerce actuellement cette fonction, et qui est responsable de faire valoir le point de vue du Canada auprès de la FVE sur un large éventail de questions d’intérêt commun, telles que l’utilisation des antimicrobiens, l’antibiorésistance, le bienêtre animal et l’initiative « Une seule santé ». L’ACMV, la FVE et l’American Veterinary Medical Association (AVMA) travaillent régulièrement ensemble et publient des énoncés de position conjoints. En tant qu’association regroupant plusieurs pays, la FVE doit composer avec de grandes différences dans l’approche des problèmes et le degré d’implication des gouvernements en médecine vétérinaire. En général, nos collègues européens sont plus avancés en ce qui concerne la législation sur le bien-être des animaux, mais semblent avoir autant de problèmes que nous en ce qui concerne la pénurie de main-d’œuvre, les questions de santé mentale et la réponse au changement climatique.
CHINE
La situation de la Chine est plus compliquée. Les Chinois ont choisi de faire appel à nos voisins américains pour les aider à former la prochaine génération de vétérinaires. Depuis des années, ils envoient des étudiants dans des écoles vétérinaires aux États-Unis et utilisent ensuite les connaissances acquises pour faire progresser la médecine vétérinaire en Chine. À l’instar du Mexique, la Chine a lentement délaissé l’agriculture au profit d’une industrie des animaux de compagnie en plein essor. Le pays a accueilli une délégation de l’AVMA il y a quelques mois, mais n’entretient aucune relation avec l’ACMV ou la FVE à l’heure actuelle.
ASIE DE L’EST
L’ACMV a récemment lancé un projet pilote visant à améliorer notre compréhension du secteur de la médecine vétérinaire en Asie de l’Est. Le Dr Chris Bell, ancien président de l’ACMV, s’est porté volontaire pour diriger ce projet. Il a récemment assisté au 23e congrès de la Federation of Asian Veterinary Associations (FAVA). La FAVA regroupe plusieurs associations vétérinaires membres de la région Asie-Pacifique, notamment des associations de la Corée, du Japon, de Singapour, de la Malaisie, de l’Indonésie, du Vietnam, de la Birmanie, de l’Inde, de la Thaïlande, des Émirats arabes unis, de Taïwan et des Philippines, ainsi que l’Australian Veterinary Association (AVA), l’AVMA, et la NZVA.
Le rapport que le Dr Bell a présenté au Conseil de l’ACMV a mis en évidence plusieurs intérêts communs avec l’ACMV, dont deux que j’aimerais partager.
Le congrès a commencé par un examen de la résistance aux antimicrobiens dans chaque pays, car la résistance aux antimicrobiens est une préoccupation majeure de la FAVA. La FAVA a présenté un document destiné aux pays membres intitulé « Empowering veterinarians in Asia towards fulfilling their roles on the Global Action Plan on Antimicrobial Resistance » ainsi que son travail avec les Nations Unies.
En 2022, la FAVA a ouvert un bureau physique à Fukuoka, au Japon, axé sur l’initiative « Une seule santé ». Des actions de sensibilisation importantes ont été menées dans les pays asiatiques en vue d’une collaboration entre les secteurs de la santé humaine et de la santé animale, et un protocole d’entente a été signé entre les associations japonaises de médecine humaine et de médecine vétérinaire.
Il semble que les possibilités de partage d’information et d’expériences entre l’ACMV et nos collègues de l’Asie de l’Est seraient nombreuses, car le nombre de similitudes est impressionnant. Par exemple, les trois piliers sur lesquels travaille la Korean Veterinary Medical Association sont identiques aux cinq priorités stratégiques de l’ACMV.
J’espère que vous avez apprécié ce tour d’horizon des associations vétérinaires du monde et qu’il vous a permis de comprendre pourquoi l’ACMV investit dans ses relations avec ses homologues d’autres pays. C’est un honneur pour moi de représenter l’ACMV et la profession vétérinaire canadienne, et d’avoir l’occasion de rencontrer de nombreux leaders mondiaux de la profession pour d’apprendre d’eux et partager ces expériences avec mes collègues et les membres de l’ACMV.
Tim Arthur