Castration chirurgicale des chevaux, des ânes et des mulets
décembre 11, 2024
Les énoncés de position élaborés par l’ACMV reflètent les connaissances actuelles en matière de bien-être animal. Bien qu’ils ne soient pas législatifs, ils représentent l’engagement continu de l’ACMV envers la promotion du bien-être animal.
Position
La castration est une intervention chirurgicale qui peut présenter des risques importants pour le bien-être des animaux. Elle ne devrait être pratiquée que par des médecins vétérinaires utilisant des techniques chirurgicales, anesthésiques et analgésiques appropriées. Chez les équidés, elle est couramment effectuée jusqu’à l’âge de deux ans, soit nettement plus tard que chez les autres espèces d’animaux de ferme (1), ce qui accroît les risques de complications intraopératoires et postopératoires.
Sommaire
- La castration est une intervention chirurgicale élective qui peut présenter un risque important pour le bien-être de l’animal. Chez les chevaux, les ânes et les mulets, elle est couramment effectuée jusqu’à l’âge de deux ans, soit nettement plus tard que chez les autres espèces d’animaux de ferme (1).
- Les ânes, les mulets et les chevaux adultes présentent le plus grand risque de complications liées à la chirurgie.
- La castration est une intervention douloureuse qui nécessite une surveillance périopératoire étroite et qui peut être associée à de graves complications postopératoires, notamment l’hémorragie, l’éviscération, l’infection et la mort.
- L’ACMV recommande fortement aux autorités réglementaires provinciales de considérer la castration des chevaux, des ânes et des mulets comme un acte vétérinaire et de la réglementer en conséquence.
- La castration sans anesthésie ni analgésie entraîne d’importantes souffrances évitables pour les animaux; l’ACMV considère donc cette pratique comme un acte de cruauté envers les animaux.
Contexte
- La castration des équidés est une intervention chirurgicale invasive qui comporte des risques considérables de complications postopératoires (1-4). Le risque est plus élevé chez les ânes, les mulets et les chevaux adultes que chez les jeunes poulains et les chevaux de moins de deux ans. La castration est généralement pratiquée dans l’intérêt du propriétaire et pour faciliter la gestion de l’animal. Elle permet d’éviter les gestations non désirées et de réduire l’agressivité envers les humains et les autres animaux (5). Les chirurgies électives pratiquées sur des animaux dans l’intérêt des humains impliquent l’obligation morale la plus stricte de faire preuve de professionnalisme en ayant recours à des méthodes exemptes de cruauté et en soulageant la douleur (6,7).
- Il convient de recommander fortement ou même d’exiger que l’animal ait été initié au licou et aux manipulations avant la castration (8,9), afin de réduire les risques et le stress pour l’animal et le personnel.
- Il est impératif de procéder à un examen vétérinaire avant la chirurgie afin de confirmer l’anatomie normale du scrotum et de localiser les testicules, ce qui peut exiger une sédation et/ou une anesthésie générale chez les animaux rétifs.
- Chez certains chevaux, ânes et mulets, les testicules ne descendent dans le scrotum que plusieurs semaines après la naissance, et l’un des testicules ou les deux peuvent être retenus dans les anneaux inguinaux et ne pas descendre dans le scrotum avant plusieurs mois, ce qui empêche la castration néonatale de routine (1,5,10).
- La castration devrait être pratiquée dans un lieu convenable pour une intervention chirurgicale stérile et le patient devrait faire l’objet d’une préparation préopératoire appropriée (5,10). En raison du risque de complications, une surveillance postopératoire attentive est essentielle. Celle-ci doit comprendre des consignes claires pour le propriétaire sur la surveillance et les soins postopératoires nécessaires, y compris le soulagement de la douleur et la détection de complications comme l’infection.
- La majorité des chevaux développent une hypoxémie significative dans les conditions d’anesthésie sur le terrain, en particulier en décubitus dorsal. Si possible, l’oxymétrie de pouls devrait être utilisée et une oxygénothérapie devrait être administrée (11).
- La castration des chevaux réalisée par une technique de fermeture primaire sous anesthésie générale dans une salle de chirurgie d’un établissement vétérinaire réduira le risque de complications. Cette option devrait être envisagée pour les animaux adultes, et en particulier pour les chevaux qui présentent un risque élevé et/ou qui ont une grande valeur (3,4). Il est également avantageux d’effectuer les castrations de routine dans un établissement vétérinaire ou une installation fixe pour pouvoir intervenir plus rapidement en cas de complication.
- L’utilisation de méthodes physiques ou de paralysants musculaires comme seule forme de contention, sans sédation, anesthésie ou analgésie appropriées, pour effectuer la castration des équidés est considérée comme de la cruauté envers les animaux (12).
- L’anesthésie générale seule n’est pas suffisante pour fournir une analgésie chirurgicale. L’anesthésie (locale ou générale) et des analgésiques périopératoires doivent être utilisés pour soulager la douleur (12-14).
- La protection des animaux relève de la compétence législative des provinces. L’ACMV encourage tous les organismes de réglementation vétérinaire à considérer la castration des équidés comme étant une intervention chirurgicale et, à ce titre, soutient qu’elle devrait être réalisée par un médecin vétérinaire conformément à son énoncé de position sur les interventions chirurgicales effectuées sur les animaux (15). Les personnes qui ne sont pas des médecins vétérinaires et qui pratiquent des castrations devraient être tenues responsables en vertu des lois sur la protection des animaux si un cheval montre des signes de détresse à la suite de l’intervention (8).
Références
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