Coupe, réduction ou extraction de dents en santé chez les chiens - Énoncé de position
octobre 1, 2021
Position
L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) s’oppose vivement à la pratique de
la coupe des dents chez les chiens. De plus, l’ACMV s’oppose à la taille et à l’extraction des
dents chez les chiens pour des raisons non médicales.
Sommaire
- La coupe des dents chez les chiens désigne l’action de sectionner, de casser ou de limer la
couronne des dents saines. Cette intervention est souvent effectuée par des non-vétérinaires,
sans analgésie ni antibioprophylaxie, dans le but de réduire la gravité d’éventuelles morsures. - L’ACMV s’oppose vivement à cette pratique car elle est cruelle et inappropriée.
- L’ACMV s’oppose à ce que les médecins vétérinaires pratiquent la coupe ou l’extraction de
dents en santé chez les chiots et les chiens adultes pour des raisons non médicales en guise de
solution proposée aux comportements de morsures indésirables, car la coupe ou l’extraction
de dents n’empêchera pas un chien de blesser un humain.
Contexte
- Dans le cadre du présent énoncé de position, la coupe des dents chez les chiens est définie
par l’action de sectionner, de briser ou de limer la couronne des dents saines. Cette
intervention est souvent effectuée sur les canines des chiots et des chiens adultes par des nonvétérinaires afin de réduire la gravité d’éventuelles morsures. On la qualifie parfois de
« désarmement dentaire » ou de « désarmement canin ».- Cette intervention implique généralement une contention manuelle et l’utilisation
d’un ouvre-gueule, et elle cible les quatre canines chez l’adulte ou les deux canines
inférieures chez les chiots. Elle est effectuée en coupant les dents avec des pinces ou
des cisailles ou en limant les dents jusqu’à la gencive. - Aucun agent anesthésique ou analgésique n’est administré durant ou après
l’intervention. Le chien ne reçoit habituellement aucun soin postopératoire après cette
intervention extrêmement douloureuse. La pulpe dentaire reste exposée aux bactéries,
ce qui entraîne un risque important d’infection aiguë et chronique et s’associe à de
l’inflammation et à de la douleur (1). Chez les chiots, il y a aussi un risque de
dommages importants aux dents permanentes (2).
- Cette intervention implique généralement une contention manuelle et l’utilisation
- L’ACMV s’oppose vivement à la coupe des dents saines chez les chiens car il s’agit d’une
intervention cruelle et inappropriée, qui ne règle pas le problème de comportement sousjacent et qui n’empêche pas le chien de mordre. - Les interventions dentaires canines qui impliquent le retrait partiel ou complet d’une ou de
plusieurs dents doivent être effectuées par des médecins vétérinaires. Toutes les interventions
dentaires vétérinaires doivent être réalisées conformément aux normes de pratique de
l’organisme de réglementation vétérinaire local, comme le stipule l’énoncé de position de
l’ACMV sur la dentisterie vétérinaire (3). - L’ACMV s’oppose à ce que les médecins vétérinaires pratiquent la coupe ou l’extraction de
dents en santé chez les chiots et les chiens adultes pour des raisons non médicales en guise de
solution proposée aux comportements de morsures indésirables. La coupe ou l’extraction des
dents n’empêchera pas un chien de blesser un humain (4, 5) et ne règle pas la cause sousjacente du comportement de morsure. - Le mordillage est un comportement normal des chiots. Cependant, les chiots doivent
apprendre que mordre un humain est inapproprié. Il faut enseigner aux chiots dès leur jeune
âge de diriger leur comportement de mordillage vers des jouets prévus à cette fin.
L’entraînement à l’inhibition de la morsure (apprendre au chien à modérer ses morsures et à
utiliser sa bouche avec délicatesse) peut aider à prévenir les blessures graves si un chien vient
à mordre dans des circonstances extrêmes plus tard dans sa vie (6). - Les propriétaires de chiens doivent apprendre à distinguer un chien qui explore son
environnement avec sa bouche, un chien qui mord avec agressivité, et un chien qui utilise sa
bouche lorsqu’il joue avec enthousiasme. Ces trois comportements sont pris en charge par
des techniques de modification du comportement différentes. - Dans les cas de comportements répétés de mordillage inapproprié ou d’incident unique de
morsure grave, la consultation d’un médecin vétérinaire ou d’un spécialiste en comportement
agréé par l’American College of Veterinary Behaviorists (ACVB) est recommandée (11). - Les morsures avec agressivité nécessitent une investigation poussée pour déterminer des
options efficaces de traitement et/ou de prise en charge. Au minimum, les médecins
vétérinaires devraient obtenir une anamnèse complète, effectuer un examen physique et
réaliser un bilan sanguin. Certains médecins vétérinaires sont en mesure de procéder à une
évaluation du comportement qui pourrait aider à comprendre la cause sous-jacente du
problème, tandis que d’autres devront orienter l’animal vers une autre personne ayant plus
d’expérience dans ce domaine (7). Selon le diagnostic, diverses options thérapeutiques ou
stratégies de prise en charge qui n’impliquent pas la coupe ou l’extraction de dents saines
pourront être envisagées. - Afin de traiter et de prendre en charge efficacement un comportement de morsure
inapproprié, une communication claire est nécessaire entre le propriétaire du chien et le
médecin vétérinaire ou le spécialiste en comportement canin recommandé par le médecin
vétérinaire, afin que le propriétaire puisse prendre des décisions éclairées. Ce dernier doit
bien comprendre le potentiel de succès ou d’échec du traitement (8) et sa responsabilité
juridique si son chien mord et blesse un humain (9). - Dans certaines situations, le comportement de morsure inapproprié ne peut pas être modifié
ou pris en charge de façon à créer un environnement sécuritaire pour les propriétaires du
chien, les autres animaux et le public. Si aucune solution fiable et sûre ne peut être trouvée
afin de permettre aux chiens de profiter des cinq libertés définissant le bien-être animal,
l’euthanasie devrait être envisagée.
Références
- Kortegaard HE, et al. Consequences of crown shortening canine teeth in Greenland sled
dogs. J Small Anim Pract 2015; 56:264-269. - Hale SA. Juvenile veterinary dentistry. Vet Clin N Am Small 2005; 35:789-817.
- Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV). Dentisterie vétérinaire – Énoncé
de position (2018). Disponible au :
https://www.veterinairesaucanada.net/documents/veterinary-dentistry-position-statement
(dernière consultation en août 2021). - American Veterinary Medical Association (AVMA). Removal or Reduction of Teeth in
Nonhuman Primates and Carnivores. Disponible au :
https://www.avma.org/KB/Policies/Pages/Removal-or-Reduction-of-Teeth-in-Non-HumanPrimates-and-Carnivores.aspx (dernière consultation en août 2021). - Hunthausen W. How dangerous is that dog? DVM360, février 2016. Disponible au :
https://www.dvm360.com/view/how-dangerous-dog (dernière consultation en août 2021). - American Society for the Prevention of Cruelty to Animals. Mouthing, Nipping and Biting in
Puppies. Disponible au : https://www.aspca.org/pet-care/dog-care/common-dog-behaviorissues/mouthing-nipping-and-biting-puppies (dernière consultation en août 2021). - Godbout M. Dog Aggression Assessing the Risk. 39th WSAVA World Conference
Proceedings, Capetown, Afrique du Sud, du 16 au 19 septembre 2014. - American Veterinary Dental College (AVDC). Removal or Reduction of Teeth as a
Treatment for Canine or Feline Aggression (2019). Disponible au :
https://avdc.org/download/30/position-statements/2875/removal-reduction-of-teeth.pdf
(dernière consultation en août 2021). - Loi sur la responsabilité des propriétaires de chiens de l’Ontario. Disponible au :
https://www.ontario.ca/laws/statute/90d16 (dernière consultation en août 2021). - Elischer M. The Five Freedoms: A History Lesson in Animal Care and Welfare (2019).
Disponible au :
https://www.canr.msu.edu/news/an_animal_welfare_history_lesson_on_the_five_freedoms
(dernière consultation en août 2021). - American College of Veterinary Behaviorists (https://www.dacvb.org/)