Électroéjaculation des ruminants - Énoncé de position
mai 1, 2019
Position
L’Association canadienne des médecins vétérinaires (ACMV) considère que l’électroéjaculation des ruminants est une intervention vétérinaire. Des compétences vétérinaires sont requises pour examiner l’aptitude de l’animal avant l’intervention et optimiser l’analgésie, la contention de l’animal, la sélection et le fonctionnement de l’équipement et assurer la surveillance des réactions de l’animal afin de minimiser l’inconfort associé à l’électroéjaculation.
Sommaire
- Comparativement aux autres méthodes, l’électroéjaculation est une méthode pratique, rapide et fiable pour le prélèvement du sperme.
- L’électroéjaculation présente le potentiel de causer de l’inconfort, particulièrement si l’intervention n’est pas réalisée de manière adéquate.
- Dans la mesure du possible, des interventions moins invasives devraient être utilisées pour le prélèvement du sperme au lieu d’avoir recours à l’électroéjaculation.
- Lorsqu’il n’y a aucune méthode de remplacement pratique pour l’électroéjaculation, cette intervention doit être réalisée d’une manière qui minimise l’inconfort et on devrait recourir, dans la mesure du possible, à l’analgésie, aux sédatifs ou à l’anesthésie.
Contexte
- L’électroéjaculation est une intervention qui sert à prélever le sperme lors de l’examen de l’aptitude à l’utilisation pour la reproduction (1). Un examen de l’aptitude à l’utilisation comme reproducteur est entrepris afin d’assurer la fertilité d’un individu ou du troupeau. Comparativement aux autres méthodes (l’utilisation d’un vagin artificiel ou le massage transrectal de l’ampoule), l’électroéjaculation est une méthode pratique, rapide et fiable pour la récolte du sperme. On peut l’utiliser en dehors de la saison de reproduction ainsi que pour les animaux qui n’ont pas été accoutumés et ceux qui ne sont pas habitués aux manipulations. Comparativement à l’usage d’un vagin artificiel, les femelles ne sont pas requises pour le chevauchement, il n’y a qu’un risque réduit de transmission de maladie (2), le risque de blessure humaine causée par la manipulation du taureau est réduit et il est plus facile de fournir des installations appropriées afin d’assurer la sécurité des humains. L’électroéjaculation comprend l’insertion d’une sonde dans le rectum et l’application d’impulsions électriques à faible tension pendant une courte durée sur les nerfs pelviens pour stimuler les muscles lisses de l’ampoule et du canal déférent et induire l’éjaculation.
- L’électroéjaculation présente le potentiel de causer de l’inconfort, particulièrement si l’intervention n’est pas réalisée adéquatement (2,3). Le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des moutons du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE) (4) stipule dans ses exigences que l’électroéjaculation des béliers est une procédure qui doit seulement être réalisée par un médecin vétérinaire. Des études de recherche ont démontré que l’électroéjaculation est une expérience désagréable pour les béliers (5) et elles ont identifié des signes (vocalisation, accélération de la fréquence cardiaque, augmentation de la fréquence respiratoire, hausse des concentrations du cortisol sérique et accroissement de l’activité de la créatine kinase sérique) qui indiquent le potentiel pour les béliers, les taureaux et les cervidés mâles d’éprouver de l’inconfort, de la douleur ou de la détresse lors de l’électroéjaculation (6-10). Ces réactions à l’électroéjaculation sont principalement attribuables à la stimulation électrique et ne sont pas une conséquence de l’éjaculation normale (10), de la contention ou de l’insertion de la sonde rectale (6,9).
- Les médecins vétérinaires qui prévoient avoir recours à l’électroéjaculation devraient s’assurer qu’ils possèdent une formation suffisante à l’égard de cette intervention. Avant l’électroéjaculation, l’animal doit être examiné afin de déterminer son aptitude pour l’intervention et il faut évaluer les exigences pour l’analgésie et la retenue chimique. L’animal doit être retenu d’une manière qui minimise les risques de stress et de blessure. Une manipulation douce, l’accoutumance de la région de prélèvement et un renforcement positif comme de la nourriture pourront réduire le stress (11). Il faut aussi veiller à s’assurer que l’anus et le rectum sont préparés avant l’insertion d’une sonde lubrifiée et désinfectée. L’équipement utilisé doit être fabriqué à cette fin et doit être maintenu en bon état de fonctionnement. L’équipement doit avoir recours à une stimulation électrique minimale qui suffit à produire une éjaculation (12). Si, après une stimulation électrique répétée, l’intervention ne produit pas d’éjaculat, ou si l’animal est en détresse ou s’expose à un risque de blessure, l’intervention devrait cesser et l’animal ne devrait pas être réutilisé pendant une période appropriée.
- Des études de recherche sur le recours à l’analgésie, soit la lidocaïne épidurale, la xylazine épidurale, la xylazine intraveineuse ou l’application topique intrarectale de lidocaïne, n’ont pas jusqu’à ce jour démontré des réductions statistiquement significatives de quelques-uns des signes d’inconfort potentiels, comme les concentrations de cortisol sérique ou les réponses de fréquence cardiaque des taureaux lors de l’électroéjaculation (7,13,14). Cependant, après l’usage de xylazine épidurale chez les taureaux, une réduction des signes comportementaux d’inconfort durant l’électroéjaculation a été signalée (15). L’anesthésie épidurale n’entrave pas la récolte du sperme (7,15).
- Certaines études ont démontré que la stimulation électrique requise pour induire l’éjaculation peut être réduite par l’administration de l’ocytocine et d’un analogue de prostaglandine-F2-alpha ou un massage transrectal des glandes sexuelles accessoires avant l’électroéjaculation (16-18).
- Dans la mesure du possible, on devrait privilégier des interventions moins invasives, p. ex., un vagin artificiel (qui dans de nombreux cas peut produit des résultats semblables ou améliorés (19)) pour remplacer l’électroéjaculation pour la récolte du sperme. Lorsqu’il n’y a pas de méthode de remplacement pour l’électroéjaculation, l’intervention doit être entreprise d’une manière qui minimise l’inconfort et, dans la mesure du possible, on devrait avoir recours à l’analgésie, aux sédatifs ou à l’anesthésie. Il existe un besoin de recherche sur le développement de méthodes de remplacement pour le prélèvement efficace et sécuritaire du sperme chez les ruminants qui réduisent ou évitent le risque d’inconfort associé aux méthodes actuelles utilisées pour l’électroéjaculation.
Références
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