Énoncés de position

Électroéjaculation des taureaux, des béliers et des boucs

avril 1, 2025

Les énoncés de position élaborés par l’ACMV reflètent les connaissances actuelles en matière de
bien-être animal. Bien qu’ils ne soient pas législatifs, ils représentent l’engagement continu de
l’ACMV envers la promotion du bien-être des animaux.

Contexte

1. L’électroéjaculation implique l’insertion d’une sonde dans le rectum et l’application d’impulsions électriques à faible tension pendant une courte durée sur les nerfs pelviens pour stimuler les muscles lisses des ampoules et des canaux déférents et induire l’éjaculation.
2. L’électroéjaculation est le plus souvent utilisée pour prélever du sperme dans le cadre d’un examen d’aptitude à la reproduction (1), qui vise à déterminer la fertilité d’un individu. L’électroéjaculation est également utilisée à d’autres fins, telles que la collecte de sperme pour la reproduction (insémination artificielle) et la constitution de banques de gènes. Elle est aussi pratiquée chez d’autres espèces qui ne sont pas mentionnées dans le présent énoncé de position.
3. L’électroéjaculation est une méthode fiable de collecte de sperme qui peut être pratiquée en dehors de la saison de reproduction sur des animaux qui n’ont pas été entraînés à l’utilisation d’un vagin artificiel ou qui ne sont pas habitués à être manipulés individuellement. Par rapport à l’utilisation d’un vagin artificiel, l’électroéjaculation permet d’assurer plus facilement la sécurité des humains et des animaux et ne nécessite pas le recours à une femelle aguicheuse pour la monte, ce qui réduit le risque de transmission de maladies (2). Le sperme peut être obtenu par massage transrectal chez les taureaux, mais chez un grand nombre d’entre eux, cette méthode s’associe à une motilité des spermatozoïdes et à un nombre de spermatozoïdes vivants moindres et à une capacité réduite d’examiner le pénis (3).
4. L’électroéjaculation est susceptible de causer de l’inconfort, particulièrement si l’intervention n’est pas réalisée de manière adéquate (4). Les Codes de pratiques pour le soin et la manipulation des moutons et des chèvres du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE) (5,6) stipulent que l’électroéjaculation des béliers et des boucs doit être pratiquée par un médecin vétérinaire.
5. La recherche indique que l’électroéjaculation est une expérience désagréable, et que les béliers, les boucs et les taureaux peuvent présenter des signes évocateurs d’inconfort, de douleur ou de détresse lors de l’électroéjaculation (7-16). Ces réactions à l’électroéjaculation sont principalement attribuables à la stimulation électrique et ne sont pas une conséquence de l’éjaculation (12), de la contention, ou de l’insertion de la sonde rectale (8,11).
6. Dans la mesure du possible, une intervention moins invasive devrait être utilisée pour la collecte du sperme au lieu de l’électroéjaculation, comme l’utilisation d’un vagin artificiel (qui, dans beaucoup de cas, permet d’obtenir des résultats similaires ou meilleurs) ou le massage transrectal (17). Lorsqu’il n’y a pas d’alternative pratique à l’électroéjaculation, l’intervention doit être effectuée de manière à réduire le plus possible la douleur et l’inconfort (18).
7. Les professionnels vétérinaires qui prévoient utiliser l’électroéjaculation devraient posséder une formation suffisante pour pratiquer cette intervention. L’animal doit d’abord être examiné pour déterminer s’il est apte à subir l’intervention et évaluer les besoins en matière d’analgésie et de contention pharmacologique. L’animal doit être immobilisé pour réduire le plus possible les risques de stress et de blessure. Pour diminuer le stress, il convient de manipuler l’animal en douceur, de le laisser se familiariser avec l’endroit où se fera le prélèvement, et de lui offrir du renforcement positif, par exemple en le nourrissant (19). Il faut également choisir une sonde de taille appropriée et la préparer correctement avant de l’insérer dans l’anus et le rectum de l’animal, qui doivent aussi être préparés adéquatement. Le matériel employé doit être en bon état de fonctionnement et être utilisé de manière à produire la plus faible stimulation électrique nécessaire pour provoquer l’éjaculation (13). Si l’intervention ne permet pas d’obtenir un éjaculat après des stimulations électriques répétées ou si l’animal est en détresse ou risque de se blesser, il faut mettre fin à l’intervention et l’animal ne devrait pas la subir à nouveau pour une durée appropriée, déterminée par le vétérinaire traitant.
8. Les travaux de recherche visant à réduire l’inconfort de l’électroéjaculation ont évalué à la fois les analgésiques et les méthodes de réduction de l’intensité et/ou de la durée de la stimulation électrique nécessaire à l’obtention d’un éjaculat. Les taureaux ont présenté une réduction des signes comportementaux d’inconfort pendant l’électroéjaculation après l’administration de xylazine par voie épidurale (20) et une diminution du taux sérique de progestérone (un marqueur de stress) après l’administration de lidocaïne par voie épidurale (21). L’anesthésie épidurale n’interfère pas avec la collecte du sperme (9,20). La lidocaïne par voie épidurale, la xylazine par voie intraveineuse et la lidocaïne topique par voie intrarectale n’ont pas diminué de manière significative l’inconfort, le taux de cortisol ou le rythme cardiaque des taureaux pendant l’électroéjaculation (8,14,21).
9. Certaines études ont montré que la stimulation électrique nécessaire pour induire l’éjaculation et l’inconfort potentiel qu’elle provoque peuvent être réduits par l’administration d’ocytocine, de carbétocine (un analogue de l’ocytocine) (22) ou d’un analogue de la prostaglandine F2 alpha, ou encore par un massage transrectal des glandes sexuelles accessoires avant l’électroéjaculation (15-24). Chez les béliers, lors de la collecte de sperme destiné à être conservé pour un usage ultérieur, un traitement préalable par la carbétocine pourrait permettre de réduire le nombre de collectes en améliorant la qualité et la quantité de l’éjaculat obtenu (22). Le prétraitement des béliers avant l’électroéjaculation par de la GnRH a réduit le taux de cortisol, tandis que l’ocytocine et les analogues de la prostaglandine F2 alpha ont réduit les réponses au stress, mais ces traitements n’ont eu aucun effet sur le temps ou le nombre de stimulations nécessaires pour provoquer l’éjaculation (26). Chez les taureaux, le jeûne pendant 24 heures avant la collecte de sperme par électroéjaculation s’est associé à une diminution de la taille de la vessie et à une augmentation de la proportion de taureaux présentant une protrusion du pénis, une érection et une éjaculation, mais n’a pas réduit le nombre de stimulations ni l’inconfort (27). Il faut tenir compte des différences entre les espèces, des temps de retrait, des conditions sur le terrain, du délai et de la durée d’action des produits, ainsi que du risque d’ataxie et de sédation lors de l’administration de médicaments avant l’électroéjaculation. Il demeure nécessaire de poursuivre la recherche sur de nouveaux produits analgésiques et hormonaux ainsi que sur d’autres outils pouvant être utilisés sur le terrain qui pourraient réduire l’inconfort lors de l’électroéjaculation (28-33).
10. La médecine vétérinaire est réglementée à l’échelle provinciale. Les médecins vétérinaires, les producteurs de bétail et les membres du public devraient consulter l’organisme provincial de réglementation vétérinaire compétent pour savoir qui est autorisé à pratiquer l’électroéjaculation dans leur province. Dans tous les cas, la supervision d’un médecin vétérinaire est indiquée.

Références

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6. Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage. Code de pratiques pour le soin et la manipulation des moutons. 2013. En ligne : https://www.nfacc.ca/codes-depratiques/moutons (dernière consultation le 19 août 2024).
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8. Stafford KJ, Spoorenberg J, West DM, Vermunt JJ, Petrie N, Lawoko CRO. The effect of electro-ejaculation on aversive behaviour and plasma cortisol concentration in rams. N Z Vet J 1996;44:95-98. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16031903 (dernière consultation le 11 Septembere 2018.
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