Comment garder votre cheval en bonne santé pendant toute sa vie

juin 13, 2018

Les chevaux ont occupé une place importante dans l’histoire humaine car ils ont été utilisés pour le transport, la guerre, le sport et ils ont joué beaucoup d’autres rôles. Au Canada, les chevaux de l’histoire moderne servent généralement au sport ou ce sont des chevaux d’agrément qui sont appréciés pour leur rôle en tant que compagnons. Sans égard à leur fonction, les chevaux ont besoin d’un élevage et d’un dressage appropriés et non cruels afin d’assurer une manipulation, un transport et des travaux sécuritaires. 

Il est dispendieux de posséder un cheval et, si vous considérez l’achat ou la location, préparez-vous à consacrer régulièrement des montants pour les soins vétérinaires et les services d’un maréchal-ferrant (soins des sabots), la nourriture, le logement et la pension dans les pâturages, des leçons d’équitation et d’accompagnement ainsi que pour de l’équipement comme des harnachements et des outils de toilettage. Il est essentiel de posséder des connaissances de base sur les soins des chevaux avant de songer à acquérir un cheval. Il n’est pas possible d’aborder tous ces sujets en profondeur ici, mais ce document servira à fournir un bref aperçu des soins qu’il faut prodiguer aux chevaux.

Alimentation

Le fourrage sert de base à un programme d’alimentation sain : frais dans le pâturage et séché ou ensilé sous forme de foin ou d’ensilage. Un cheval devrait avoir accès au pâturage le plus souvent possible, tant pour la fonction de digestion que pour la santé psychologique. L’apport volontaire est obtenu par une alimentation lente pendant environ 16 heures par jour. Il est essentiel de fournir une alimentation à forte composition de glucides (fibres) et de donner constamment les mêmes aliments en vue d’assurer un bon fonctionnement des microbes qui décomposent les fibres végétales dans le grand intestin postérieur par la fermentation. Les fibres permettent aussi une motilité normale (mouvement) des intestins. Les changements soudains sont néfastes et il faut donc modifier l’alimentation graduellement sur trois semaines. Par ailleurs, les chevaux ne peuvent pas vomir et les aliments devraient donc être libres de moisissure ou de contamination par les toxines. L’eau potable doit être disponible en tout temps et, par temps froid, le chauffage des seaux d’eau ou des mangeoires peut encourager une consommation accrue d’eau afin de prévenir les coliques attribuables à la surcharge.

En plus du fourrage, un cheval peut avoir besoin d’un équilibreur afin de fournir les principaux nutriments, comme les vitamines, les minéraux et les protéines, qui peuvent être insuffisants ou absents du fourrage. Les équilibreurs sont une catégorie différente d’aliments des aliments et grains nature proposant une énergie concentrée. Ces derniers ingrédients servent à donner un regain d’énergie provenant des glucides et des gras simples.

Ce ne sont pas tous les chevaux qui ont besoin de concentrés dans leur alimentation. Beaucoup de préposés donnent des grains ou des concentrés à base de grains aux chevaux en raison d’une croyance erronée que tous les chevaux ont besoins de l’énergie additionnelle fournie par les glucides simples. Certains chevaux ont besoin de cette énergie supplémentaire, mais ce besoin est déterminé par la formulation professionnelle d’une ration.  

Beaucoup de concentrés énergétiques modernes contiennent des sources d’énergie nouvelles. L’usage de la pulpe de betterave, des écales de soja, d’huiles et de tourteau dans ces nouveaux produits signifient qu’ils ont une teneur inférieure en amidon et en glucides simples et supérieure en huiles et en fibres. Ces sources peuvent contribuer à la réduction des coliques et de la laminite comparativement aux produits surtout composés de grains. Les concentrés peuvent aussi contenir des vitamines et des minéraux et ces produits représentent donc un bon complément au fourrage. Les coliques sont douloureuses pour l’abdomen tandis que la laminite est une affection très douloureuse des pieds. La laminite peut être déclenchée par de nombreux facteurs, y compris des troubles métaboliques et des taux élevés d’amidon et de glucides simples dans l’alimentation.

Le sel est important pour la diète de tous les chevaux et le sel ajouté et les électrolytes sont particulièrement importants lorsqu’un cheval fait de l’exercice parce qu’il perd des électrolytes, comme le sodium et le chlore, dans la sueur. Il est important d’offrir du sel en vrac dans un petit sceau ou saupoudré sur les repas vu que beaucoup de chevaux n’aiment lécher un bloc de sel en raison de leur langue sèche.

La note d’état corporel fait partie de l’évaluation du cheval et elle sert à établir les quantités adéquates d’aliments. Ce système estime la taille des réserves de gras afin de déterminer si le cheval a un état corporel idéal.

Mise à l’herbe

Les chevaux sauvages parcourront de nombreux kilomètres dans une journée à la recherche de bons pâturages. Pour les chevaux gérés, la mise à l’herbe devrait être le plus souvent accessible—idéalement 24 heures par jour et 7 jours par semaine afin de garder les muscles, les os, les articulations et le système cardiovasculaire en santé. La mise à l’herbe contribue aussi à un esprit sain. Un bon pâturage sera vaste et offrira des occasions de jeu et de course en toute sécurité. Les clôtures sécuritaires pour les chevaux doivent être solides, sans fils barbelés ou détachés ou de planches brisées. On devrait gérer les pâturages en effectuant une rotation fréquente des chevaux entre les pâturages afin de préserver les foins et les légumineuses et de réduire les mauvaises herbes nocives.

Même si les étangs ou les rivières doivent être clôturés, les chevaux devraient toujours avoir accès à de l’eau fraîche dans le pâturage.

On doit herser le fumier périodiquement par temps chaud afin de réduire la charge des œufs parasitaires dans le pâturage.

Par ailleurs, il faut habituellement fournir une protection contre les moustiques. Des couvertures et des masques à mailles assurent le confort durant la saison des moustiques. De plus, des ventilateurs installés dans l’allée de la grange peuvent aider à rafraîchir l’air et à chasser les mouches ennuyeuses. 

Les chevaux que l’on qualifie de faciles à gérer (qui gardent bien leur poids et exigent rarement des grains) s’exposent souvent au risque d’obésité, ce qui peut accroître les risques de développer des maladies comme la laminite. Ces chevaux peuvent souvent bénéficier de muselières de pâturage et de mangeoires à alimentation lente pour ralentir la consommation des aliments.

Soyez conscients du contenu en glucides des oligosaccharides d’entreposage dans le foin, car la classe de fructosane de ces glucides peut déclencher des attaques de laminite aiguë et chronique. Le contenu en glucides simples augmente dans le foin durant les mois de croissance rapide (p. ex., au printemps), lors de gels ou de sécheresses, après des averses de pluie ou en après-midi durant les heures de soleil maximum. Les herbes surpâturées et courtes ont un contenu supérieur en glucides simples que les longues herbes. Considérez ces éléments lors de l’établissement de l’horaire de mise à l’herbe, particulièrement pour les chevaux présentant un risque ou des antécédents de laminite. Au début de la saison, il est important d’introduire un cheval aux herbes riches du printemps pendant seulement 15 minutes, en augmentant de 15 minutes chaque jour pendant deux à trois semaines.

Abri

Un abri devrait être fourni afin de permettre aux chevaux gardés à l’extérieur d’avoir de l’ombre ainsi qu’une protection contre le vent et les précipitations. Un abri ouvert à l’avant, dont le devant est construit à l’abri du vent dominant, représente une bonne option. Si le cheval est gardé dans une stalle à l’intérieur de la grange pendant une partie de la journée, la stalle devrait être suffisamment grande pour permettre au cheval de facilement marcher à l’intérieur et devrait être dotée d’une base absorbante produisant peu de poussière comme literie. Les exemples incluent la tourbe mousseuse, les copeaux, du lin et de la paille. Certains produits commerciaux sont conçus de manière à réduire la poussière, ce qui est préférable. Une ventilation adéquate de la grange est requise afin de réduire l’accumulation d’humidité et de ventiler l’ammoniac et la poussière contenus dans la stalle. Signalons que les chevaux n’ont pas besoin d’une grange chauffée si on laisse leur pelage pousser par temps froid. Une couverture pourra être requise si le cheval est exposé au vent, à la pluie et au froid. Il faut éviter de nettoyer et de balayer pendant que les chevaux sont toujours dans la grange et porter un masque de protection respiratoire pendant les corvées qui soulèvent de la poussière. Il est préférable d’entreposer le foin dans un autre bâtiment à distance des stalles afin de réduire la moisissure et de diminuer le risque d’incendie.

Médecine préventive

Les chevaux ont besoin d’examens dentaires réguliers, soit une ou deux fois par année, ou au besoin, parce que leurs dents poussent continuellement. Le limage pour aplanir les pics et les crochets représente un exemple d’intervention qui doit être réalisée par un vétérinaire qualifié. Lorsque les dents sont bien alignées, le cheval peut mastiquer adéquatement et ingérer le fourrage et cela aide à prévenir les dommages aux joues et à la langue ainsi que les abcès dentaires.

Les vers intestinaux sont présents dans tous les chevaux et devront seulement être gérés si leur nombre augmentent au-delà d’une faible charge normale qui est bien tolérée. Une vermifugation périodique à vaste spectre a été remplacée par une vermifugation ciblée stratégique. Une numération d’œufs dans le fumier est effectuée avant et après le traitement de vermifugation afin d’assurer une gestion appropriée. Certains chevaux sont plus susceptibles à une surinfestation et ils seront gérés d’une manière plus intensive.

Les vaccins sont importants pour tous les chevaux, quoique les vaccins basés sur les risques spécifiques peuvent varier selon le style de vie du cheval, si la jument est gestante, l’exposition à d’autres chevaux, l’emplacement géographique et l’âge.

Vaccins essentiels

  • Tous les chevaux doivent recevoir le vaccin contre la rage parce que c’est une maladie mortelle qui peut être contractée au contact avec la faune.
  • Tétanos (mal de cerf) est un autre vaccin essentiel parce que les chevaux sont très sensibles à la bactérie (Clostridium tetani) qui est porteuse de la dangereuse toxine du tétanos.
  • L’encéphalite du virus du Nil occidental est un virus transmis par les oiseaux qui est présent dans la plupart des régions du Canada et un vaccin serait recommandé dans les régions affectées.
  • Les vaccins des virus de l’encéphalomyélite de l’Est et de l’Ouest sont réunis dans un seul vaccin et il y a une certaine limitation géographique de la distribution de la maladie au Canada.

Vaccins facultatifs (en fonction des risques)

Les autres vaccins incluent la rhinopneumonite virale équine (herspèsvirus équin), l’influenza équine (grippe, influenza A), la gourme (Streptococcus equi), la fièvre du Potomac (Ehrlichia ristici), le botulisme (Clostridium botulinum B), la leptospirose (Leptospira sp.) et l’artérite virale équine. Certaines installations/concours/pistes de course pourront exiger quelques-uns de ces vaccins dans le cadre du protocole de l’établissement.

Soins des sabots et du pelage

Un parage régulier des sabots est requis afin de préserver la forme normale du sabot et la charge du poids sur les membres. Les sabots doivent aussi être régulièrement « nettoyés », une fois par jour si possible. Des fers à cheval pourront être requis pour les chevaux qui font des travaux lourds, ceux qui travaillent sur des surfaces glissantes ou selon les besoins liés aux disciplines particulières. Le plus souvent, les pieds avant seront chaussés vu que les avant-jambes portent une proportion supérieure du poids du cheval par rapport aux jambes arrière et s’usent donc plus. Le toilettage fait référence à l’utilisation de brosses et de peignes afin de masser et de nettoyer la peau et de nettoyer le pelage, la crinière et la queue. Un nettoyage quotidien favorisera un pelage luisant et beau et plaît à tous les chevaux. Il permet aussi de passer du temps à renforcer le lien avec le cheval.

Manipulation sécuritaire

La sécurité passe avant tout. Il est essentiel d’effectuer une manipulation régulière, qui comprend le nettoyage et l’examen des pieds afin d’examiner le cheval pour détecter des blessures. Il faut l’habituer à une laisse, à être attaché à l’aide d’une courroie et à être chargé dans les remorques afin d’assurer une manipulation sécuritaire du cheval. Les chevaux sont habituellement manipulés du côté gauche (montoir). Avertissez le cheval en le flattant doucement dans la région si vous allez derrière le cheval ou si vous le lavez en-dessous du ventre (s’il est sensible) afin d’éviter des ruées non désirées. Ne mettez pas vos doigts dans la bouche, sauf avec prudence près du mors (où il n’a pas de dents), car une morsure de cheval est très douloureuse et peut causer des blessures à la main et aux doigts. Lorsque vous passez d’un côté du cheval à l’autre, n’allez pas sous la tête du cheval car il pourrait faire un hochement de tête soudain. Ne vous tenez pas debout devant le cheval, car vous pourriez devenir une cible s’il saute vers l’avant.

Les chevaux devraient être attachés à l’aide d’un nœud à dégagement rapide au cas où ils sont surpris. Une paire de bottes à embouts d’acier et le port d’un casque pendant que vous travaillez autour des chevaux pourront contribuer à vous protéger d’un impact à la tête ou d’un écrasement des pieds. Il est peu probable qu’un cheval bien dressé manifestera ces comportements, mais il est important d’être informé à propos d’une manipulation sécuritaire.

Sommaire

Il y a beaucoup d’autres choses à apprendre afin de protéger votre cheval et de le garder en santé et heureux. Le travail auprès des chevaux comprend beaucoup plus que de monter en selle et d’aller faire une promenade. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de propriétaires et de dresseurs de chevaux d’expérience pour obtenir des conseils et lisez des ouvrages à propos de ces merveilleux animaux. Il est recommandé de trouver une personne d’expérience qui pourra servir de mentor pour les soins et la manipulation des chevaux. Il faut aussi travailler en étroite collaboration avec votre vétérinaire pour les soins de santé des chevaux. N’hésitez pas à lui poser des questions car c’est un partenaire important de la santé et du bien-être de votre cheval.

Notes :

Equine Guelph/OpenEd de l’Université de Guelph offre une série de cours en ligne pour le télé-enseignement. Prière de consulter le programme au equinestudiesonline.ca.

Consultez le TheHorsePortal.ca pour des cours de courte durée (dont des cours sur la biosécurité, le comportement et la sécurité, le Code des pratiques de bien-être et plus encore).

 

Dre Kathleen Cavanagh, B.Sc., D.M.V, MET
Consultante en rédaction en ligne de l’ACMV

Gayle Ecker, Hon. B.A., B. Ed., M.Sc.
Directrice d’Equine Guelph
Experte consultante sur les équidés

Correction
Shirle Ternan, CPA, CMA, M.Ed. (DE)
Nicole Weidner, candidate au doctorat, Sciences biomédicales, Université de Guelph

Le 12 juin 2018