L’importation d’animaux peut introduire au pays des maladies affectant les animaux et les humains
août 1, 2022
Alors que le commerce international reprend avec l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie et que l’économie redevient mondiale, les importations et exportations d’animaux domestiques recommencent également. Dans la foulée de cette reprise, combinée aux changements climatiques et à un monde qui devient plus en plus « petit », on constate un nombre croissant de cas de chiens (et moins fréquemment de chats) qui entrent au Canada et apportent avec eux des maladies inconnues auparavant. Ces maladies représentent une menace pour les humains et les animaux du pays d’accueil.
Les modifications apportées récemment à la législation canadienne sur l’importation rendent plus difficile l’importation de chiens provenant de régions à risque élevé, mais le danger d’importation de maladies demeure. L’idée d’adopter un animal rescapé provenant d’ailleurs ou d’importer des animaux nés à l’étranger peut être très attrayante, mais elle s’accompagne de risques importants en matière de maladies transmissibles.
Plusieurs maladies qui sont courantes chez les chiens dans d’autres pays sont absentes ou rares au Canada. L’importation de chiens infectés peut conduire à l’apparition de maladies avec lesquelles les vétérinaires d’ici ne sont pas familiers, et qui pourraient par conséquent ne pas être diagnostiquées ni traitées. Ces maladies peuvent également, dans certains cas, se transmettre d’un animal à l’autre, ce qui pourrait entraîner des éclosions ou l'établissement de ces maladies dans la région.
La rage est probablement l’exemple le plus préoccupant. Bien que la rage soit présente au Canada, elle l’est surtout chez les animaux de la faune, et la vaccination généralisée des animaux domestiques fait en sorte que ces derniers sont beaucoup plus rarement touchés. Les chiens insuffisamment ou aucunement vaccinés provenant de pays ou de régions où la rage est plus répandue pourraient causer l’introduction de la rage dans la population animale domestique, et ainsi faire augmenter considérablement le risque d’exposition humaine. Comme la rage peut rester latente pendant plusieurs mois avant d’occasionner des signes cliniques, les animaux importés qui sont infectés peuvent être en contact avec beaucoup de gens et d’animaux avant que le diagnostic soit établi.
D’autres maladies sont moins transmissibles aux humains, mais constituent tout de même un risque important pour les chiens. Certaines d’entre elles sont rares, bien que présentes dans la population animale domestique, mais sont facilement prévenues par la vaccination ou la protection contre les parasites. C’est le cas notamment de la maladie de Carré, de l’hépatite infectieuse causée par l’adénovirus, et de diverses maladies transmises par les tiques comme l’anaplasmose et l’ehrlichiose.
D’autres maladies ne sont pas endémiques au Canada et peuvent être introduites au pays par les animaux importés. C’est le cas de certaines maladies graves et souvent incurables, comme la leishmaniose, l’hépatozoonose et la tumeur vénérienne transmissible canine.
Les pays d’origine des maladies animales exotiques ne sont pas toujours des pays tropicaux, éloignés ou sous-développés. Tout changement dans la géographie peut s’associer à de nouvelles maladies qui ne sont pas observées dans d’autres régions. Par exemple, il y a dans le sud des États-Unis un large éventail d’infections fongiques, protozoaires, virales et bactériennes qui ne sont pas observées au Canada. Même les pays nordiques peuvent avoir des maladies inattendues, comme les mycobactéries félines au Royaume-Uni. Au Canada, il peut aussi y avoir de grandes variations selon les régions. Par exemple, les infections par Cryptococcus sont beaucoup plus courantes sur l’île de Vancouver, et la peste est présente dans les Prairies. Par conséquent, même les mouvements à l’intérieur du Canada peuvent être très préoccupants.
Le dépistage des maladies infectieuses chez les animaux importés revêt une importance capitale. Idéalement, les animaux devraient être soumis à des tests de dépistage des maladies préoccupantes avant de quitter leur pays d’origine. De la documentation confirmant la vaccination et les résultats négatifs aux tests de dépistage devrait être fournie par un médecin vétérinaire du pays d’origine. Si ces documents ne sont pas disponibles, l’animal ne devrait pas être adopté ou importé.
Tout animal adopté à partir d’un pays étranger devrait être examiné par un médecin vétérinaire au Canada le plus tôt possible. C’est la meilleure façon de s’assurer qu’il recevra les vaccins, les traitements curatifs et préventifs contre les parasites, et les autres soins dont il a besoin. L’examen permet aussi d’effectuer des tests de dépistage et de détecter les maladies avant qu’elles ne deviennent trop graves.
Dans l’ensemble, assurer la sécurité des humains, des animaux domestiques, et même des animaux importés repose sur le dépistage rigoureux, le diagnostic précoce et la prévention adéquate des maladies chez les animaux. Lors de l’adoption d’un animal, assurez-vous que toute la documentation appropriée est fournie et prenez rendez-vous avec un médecin vétérinaire immédiatement en précisant de quelle région géographique l’animal provient. Évitez les animaux importés atteints d’une maladie infectieuse connue et veillez de façon proactive à la santé de vos animaux.
Il y a plusieurs bonnes raisons d’adopter un animal venant d’ailleurs, mais assurez-vous de tenir compte des risques associés à ce choix. Les animaux importés sont parfois porteurs de maladies qui représentent un risque non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les humains et les autres animaux qui les entourent.
Dr Matthew Kornya, D.M.V., résident ACVIM (SAIM)