Les allergies chez les chiens et les chats
nov. 7, 2023
Le terme « allergie » est très vaste et utilisé pour désigner toute situation où le système immunitaire réagit à un antigène étranger (c’est-à-dire un composant d’une protéine ou d’une autre molécule) qui ne provoque généralement pas de réaction immunitaire dans la population générale. Les allergies peuvent se manifester de diverses façons, allant de réactions allergiques cutanées aiguës relativement bénignes (comme de l’enflure et de l’urticaire) à des réactions anaphylactiques potentiellement mortelles. Le terme regroupe aussi la rhinite allergique (allergies nasales), l’asthme, les dermatoses allergiques (dermatite atopique ou eczéma), les réactions indésirables cutanées d’origine alimentaire (allergies alimentaires), l’entéropathie qui répond à la prise en charge par la diète, et un large éventail d’autres affections.
Comme chez l’humain, les allergies sont de plus en plus souvent reconnues comme une cause de maladie chez les chats et les chiens. On ne sait pas très bien si cela est dû à de meilleures capacités diagnostiques, à une exposition moindre à divers antigènes en bas âge, à la consanguinité ou à une variété d’autres facteurs. Quoi qu’il en soit, la prise en charge des allergies occupe une part importante de la médecine vétérinaire et englobe des aspects de la dermatologie, de la médecine interne, de la nutrition et d’autres disciplines.
Les allergies peuvent être provoquées par un vaste éventail de substances, y compris les médicaments et les produits chimiques, des choses présentes dans l’environnement, les piqûres d’insectes ou les aliments. Bien que des tendances puissent être observées avec certains types d’exposition (par exemple, les antigènes en aérosol peuvent entraîner des symptômes nasaux ou pulmonaires, les graminées ont tendance à provoquer une inflammation des pattes, et les allergènes alimentaires causent souvent une inflammation autour de la bouche et de l’anus), il n’y a pas de règle universelle, et toute exposition à un antigène peut se traduire par divers signes cliniques.
Un diagnostic définitif d’allergies alimentaires nécessite l’essai d’un régime d’éviction. Ainsi, il faut donner à l’animal une diète qui contient une protéine nouvelle ou des protéines hydrolysées pendant plusieurs semaines (la durée exacte dépend de la manifestation de l’allergie). Une diète à protéine nouvelle contient un nombre limité d’ingrédients (généralement des sources uniques de lipides, de protéines et de glucides) auxquels l’animal n’a jamais été exposé auparavant. La source de protéines peut être de la venaison, du kangourou, du lapin, du saumon ou du crocodile. Parce qu’il est souvent impossible de savoir avec certitude à quels ingrédients un animal a été exposé dans le passé, une diète « à protéines hydrolysées » est souvent choisie comme outil de diagnostic idéal. Dans ce type de diète, les protéines ont été prédigérées par des enzymes et ne sont plus en mesure de stimuler une réponse immunitaire. Peu importe la diète choisie, il est essentiel de s’assurer qu’elle est fabriquée dans une installation spécifique qui ne traite pas d’autres sources de protéines, car la contamination par d’autres ingrédients peut faire échouer l’essai du régime d’éviction.
Les allergies environnementales ne peuvent être diagnostiquées de façon définitive que par des tests cutanés intradermiques. Comme chez l’humain, on utilise de petites aiguilles pour inoculer des allergènes dans la peau, puis on mesure la taille des papules qui se forment.
Les tests sanguins pour diagnostiquer les allergies ne sont généralement pas recommandés car ils sont très peu fiables. Ils peuvent être utiles dans certaines situations particulières (par exemple, dans le cas des anticorps anti-gliadine pour l’intolérance au gluten), mais les tests commerciaux utilisés pour déterminer à quoi un chien ou un chat est allergique ont généralement peu de valeur diagnostique et ne sont pas recommandés comme option de premier recours.
La prise en charge des allergies peut prendre diverses formes, dont la discussion dépasse largement le cadre du présent article. Cela dit, l’option la plus efficace demeure l’évitement si c’est possible : un animal peut facilement ne pas être nourri avec une certaine protéine, ne pas être exposé à un médicament en particulier, ou être tenu à l’écart d’endroits où une odeur ou une huile spécifique est utilisée. Pour d’autres allergènes, par contre, cela peut être plus difficile – par exemple, éviter tout contact avec des abeilles ou des moustiques n’est pas simple. Enfin, c’est impossible pour d’autres : il n’existe aucun moyen raisonnable d’empêcher toute exposition au pollen des arbres ou aux acariens de la poussière de maison. Même dans les situations où l’évitement n’est pas possible, la réduction de l’exposition peut l’être, par exemple en passant l’aspirateur régulièrement ou en utilisant des filtres HEPA.
Si l’évitement n’est pas possible et la réduction de l’exposition est inefficace, des traitements médicaux peuvent être nécessaires. Pour les allergènes de l’environnement, l’immunothérapie spécifique est souvent utilisée – il s’agit d’injections régulières ou de gouttes à donner par voie orale qui contiennent une petite quantité de l’allergène ciblé afin d’augmenter progressivement l’exposition de l’animal pour le désensibiliser et faire diminuer sa réponse immunitaire. L’immunothérapie est efficace pour réduire l’intensité des symptômes dans la majorité des cas, mais elle n’est pratiquement jamais curative.
Les autres options médicamenteuses comprennent les antihistaminiques (cétirizine), les stéroïdes (prednisone), les médicaments anti-démangeaisons (oclacitinib), les immunosuppresseurs (cyclosporine), les anticorps monoclonaux (lokivetmab pour les chiens seulement), et d’autres. Tous ces médicaments ont des avantages et des risques potentiels, et aucun n’est le meilleur ou le pire choix. Il est important de discuter avec votre médecin vétérinaire pour déterminer la meilleure option pour votre animal de compagnie.
Plusieurs traitements vétérinaires peuvent entraîner des « réactions » qui ne sont pas de nature allergique, et c’est important de le savoir pour bien prendre en charge les patients. Même si des réactions allergiques aux vaccins, aux transfusions sanguines, aux anesthésiques ou aux médicaments sont possibles, la majorité des réactions indésirables à ces produits ne sont pas de nature allergique et représentent des réponses normales (léthargie et douleur après la vaccination), des effets prévisibles (diarrhée après un antibiotique), ou encore des réactions non allergiques ou des intolérances aux médicaments.
Dans l’ensemble, les problèmes dus aux allergies sont courants en médecine vétérinaire. Une forte proportion des cas d’otites, d’engorgement des glandes anales, d’éruptions cutanées, de toux ou d’éternuements chroniques, et de diarrhée chronique peuvent avoir une composante allergique sous-jacente.
Lectures additionnelles
https://bluepearlvet.com/medical-articles-for-pet-owners/atopic-dermatitis-in-pets/
https://vcahospitals.com/know-your-pet/inhalant-allergies-atopy-in-cats
Références
- Santoro D. Therapies in Canine Atopic Dermatitis: An Update. Vet Clin North Am Small Anim Pract 2019;49(1):9-26 (DOI : 10.1016/j.cvsm.2018.08.002; publication en ligne le 24 septembre 2018; PMID : 30262146).
- Hensel P, Santoro D, Favrot C, Hill P, Griffin C. Canine atopic dermatitis: detailed guidelines for diagnosis and allergen identification. BMC Vet Res 2015;11:196 (DOI : 10.1186/s12917-015-0515-5; PMID : 26260508; PMCID : PMC4531508).
- Mueller RS, Nuttall T, Prost C, Schulz B, Bizikova P. Treatment of the feline atopic syndrome – a systematic review. Vet Dermatol 2021;32(1):43-e8 (DOI : 10.1111/vde.12933; PMID : 33470011).
- Gedon NKY, Mueller RS. Atopic dermatitis in cats and dogs: a difficult disease for animals and owners. Clin Transl Allergy 2018;8:41 (DOI : 10.1186/s13601-018-0228-5; PMID : 30323921; PMCID : PMC6172809).
Auteur
Matthew Kornya, B. Sc., D.M.V., résidence de l’ABVP (pratique féline) terminée, résidence de l’ACVIM (SAIM) en cours
Rédacteur-conseil